” Je pense souvent à ce qu’il restera, à ce qu’Erwan gardera de moi, de son enfance, j’aimerais saisir, révéler ses sensations sur la pellicule photographique, graver nos instants, craignant que l’amour ne disparaisse avec les souvenirs, graver l’odeur du jasmin quand nous nous approchons de notre maison, odeur de la stabilité du lieu intérieur malgré les désordres de mon cœur, contre la violence extérieure, réelle ou imaginaire, de la mer, des hommes.”
Dans “Satisfaction” deux thèmes principaux s’entrelacent : le désir et l’exil.
L’héroïne arrive en Algérie convaincue d’un nouvel Eldorado. Ce pays est décrit avec un œil photographique, sa beauté éclate, sa violence aussi. Exil avorté pour Madame Hakli qui renonce à son destin “je me suis trompée de vie” , exil d’elle même renonçant à sa féminité et veut devenir invisible aux yeux de tous, y compris les siens !
Nina Bouraoui dissèque au scalpel le désir et l’absence de désir. Cette exilée ne s’aime plus, n’est plus qu’une mère, ne lui reste que l’amour inconditionnel pour Erwan, ce fils qui grandit et lui échappera. Madame Hakli s’est oubliée, a perdu tout désir. Elle s’ennuie, elle boit et écrit dans des carnets, besoin de déposer les mots pour trouver des réponses à ses questions entre peurs et fantasmes. L’écriture comme seule exutoire, unique confident.
Ce livre nous parle aussi de genre, d’identité et d’intimité.
Ce magnifique roman est traversé par la subtilité et la beauté de la langue de Nina Bouraoui.
“Satifaction” est aussi d’une grande sensorialité, il fait appel aux odeurs, aux couleurs, aux sensations et aux sentiments. Le tout accompagné par des chansons des années 60/70.
C’est d’une richesse incroyable qui demande à être décantée.
Laissez vous entraîner par “Satisfaction”.