« C’est moi qui ai tué Emerence. Je voulais la sauver, non la détruire, mais cela n’y change rien. »
La Porte est une confession. La narratrice y retrace sa relation avec Emerence Szeredás, qui fut sa domestique pendant vingt ans. Tout les oppose : l’une est jeune, l’autre âgée ; l’une sait à peine lire, l’autre ne vit que par les mots ; l’une est forte tête mais d’une humilité rare, l’autre a l’orgueil de l’intellectuelle. Emerence revendique farouchement sa liberté, ses silences, sa solitude, et refuse à quiconque l’accès à son domicile.
Quels secrets se cachent derrière la porte ?
Un livre est toujours une porte vers l’inconnu. Celle-ci est fermée au sens propre comme au figuré.
Nous découvrons l’histoire par la voix de sa patronne, une écrivaine qui nous raconte le personnage d’Emerence avec ces moments d’attirance, de répulsion ou de méfiance.
Et elle ne passe pas inaperçue Emerence et ne laisse pas indifférent. Elle construit autour d’elle un mystère, par les lacunes de son passé, ses silences, son autorité, ses coups de gueule et avec cette porte … fermée à tous. Emerence et le chien Viola occupent le devant de la scène mais ce n’est ni ce personnage ,ni les humeurs du canidé qui donnent la puissance au roman. C’est l’amour qui unit cette femme et la romancière, amour dont elles ne saisissent pas elles-mêmes les dimensions (exigence, dévouement et attente). L’amour de ces deux femmes est absolu, souvent incompréhensible mais qui tient le lecteur jusqu’à la dernière page.
L’auteure nous relate avec fureur mais aussi avec une infinie douceur les états émotionnels des deux héroïnes. Elle décrit la complexité des relations humaines. Ce face à face entre ces deux femmes si différentes et si proches est un hymne à la compréhension de l’autre.
Ecriture sobre mais d’une précision implacable.
A lire !