Il y a une Bugatti qui file en 1924 dans la plaine d’Alsace, un homme trahi et un bébé abandonné. Une voyante bulgare qui tire les cartes, une femme mélancolique effaçant les lignes droites, d’abjects coups de téléphone. Il y a un petit garçon qui invente des jouets, deux scientifiques dans un laboratoire surchauffé, des espoirs ravivés et des secrets inavouables.

Dix sept petits enfants noirs sur une plage de Zanzibar, des vagues qui se brisent, des amants égarés. Il y a des théorie d’Einstein en pleine évolution, des trouvailles fortuites, des erreurs de calcul. Il y a une fête foraine, la nuit.

Et au cœur de tous ces destins, Kidz cherche la réponse à une question désespérée : comment payer ses dettes lorsqu’on doit rembourser non de l’argent mais du temps ?

La quatrième de couverture révèle à elle seule l’ambiance de ce roman, original parfois complexe. Impossible à résumer mais à vivre !

J’ai été bousculée, sortie de ma zone de confort ( c’est aussi ça la lecture).

Roman où va se côtoyer l’émotion, l’humour, la philosophie, la science et du mystère, beaucoup de mystère. C’est un appel à notre imaginaire; ça commence comme une histoire presque banale mais très vite tout devient atypique sous la plume d’Isabelle Kauffmann.

L’enquête se déroule sous nos yeux médusés. Le grand huit bascule irrémédiablement vers le signe de l’infini, infini de l’imaginaire, l’infini du temps.

On suit le chemin de pensée du héros (le papa). L’auteure nous entraîne de fausses pistes en fausses pistes et c’est à chaque fois l’occasion de découvrir une nouvelle problématique. Tout au long du roman, Isabelle Kauffmann ose et passe maîtresse dans l’art d’exposer des théories, d’écrire des histoires aux partitions de plus en plus intimes. On y décèle aussi sa fascination pour la science, la théorie de la relativité, l’exigence pour la véracité des faits ( Hans Riegel de Bonn et son usine Haribo). Les multiples références rencontrées dans le roman sont si bien amenées, si “naturellement” intégrées à l’intrigue que je me suis surprise à taper ” théorie de la relativité” dans un moteur de recherche et à parcourir des pages scientifiques !

Les personnages sont attachants, l’écriture comme une partition, parfois brutale, parfois loufoque, parfois poétique, toujours surprenante et troublante. Etrange sensation d’un écho à nos voix intérieures.

Une histoire superbement menée, haletante, déroutante et une réflexion ténue : le temps. Indéniablement le fil rouge reste le temps vécu/ le temps ressenti.

Qui ne s’est pas posée ces questions au moins une fois : si on me donnait la chance de revenir en arrière, que changerions nous dans notre vie ? Si c’était à refaire, quelles erreurs tenterions nous de corriger, quelle douleur, quel remord, quel regret choisirions nous d’effacer ? Oserions nous donner un sens nouveau à notre existence ? Mais pour devenir quoi ? Pour aller où ? Et avec qui ?

Je ne changerai rien. Toutes ces expériences nous construisent.

Lisez ce roman riche, vous y découvrirez encore d’autres choses. J’ai choisi cet angle mais j’aurai pu vous parler d’enfant : de leur capacité à vivre, à ressentir, à imaginer. J’aurai pu vous parler du manège lumineux de la vie, de la poésie omniprésente, de la place des femmes….

Savourez l’instant présent, ouvrez ce roman et laissez vous emporter !!

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